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La Fed douche les espoirs d’un assouplissement monétaire rapide
 
mardi 08 nov. 2022, source : Investir, le Journal des Finances
Les taux iront encore plus haut que prévu, mais à un rythme plus étalé : un message de fermeté qui, même bien emballé, a fait monter d’un cran l’incertitude sur l’ampleur des ralentissements à venir Une devise trop forte, qui pénalise le reste du monde, à commencer par les pays en développement, endettés en dollars ? Des risques de plus en plus élevés, aux Etats-Unis, pour l’emploi et les marchés immobiliers ? « Et alors ? » aurait pu répondre Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine – ce qu’il a fait en termes plus mesurés –, au cours de la conférence de presse qui a suivi l’annonce de la sixième hausse de taux consécutive décidée par l’autorité monétaire américaine. Un chemin dont l’inclinaison donne désormais le vertige aux marchés financiers. Entamer un processus de resserrement du crédit, début mars – lorsque les taux étaient proches de zéro –, envoyait un signal rassurant de prise en compte du phénomène de la hausse des prix. Assurer que l’on va encore franchir plusieurs marches élevées dans le processus, alors que l’ultime décision de politique monétaire vient de projeter les objectifs de taux dans la fourchette de 3,75 % à 4 %, est d’une tout autre nature. On entre dans l’inconnu, un peu comme avec le degré en plus, dans le phénomène du réchauffement climatique, dont on redoute qu’il provoque une série d’événements imprévisibles. PAS DE CLAP DE FIN L’inflation reste « élevée », a jugé Jay Powell, surplombant de très haut, à plus de 8 % en septembre, l’objectif de 2 % vers lequel il est envisagé de la ramener. En parallèle, différents indicateurs se montrent toujours trop favorables à l’engrenage des hausses de prix et de salaires, comme les créations d’emplois « robustes de ces derniers mois ». De fait, le taux de chômage, dont la hausse annoncerait un relâchement de la tension, reste au plancher, à 3,5 %. D’où le nouveau coup de massue : une hausse des taux directeurs de 0,75 % – la quatrième de cette ampleur depuis le début du mouvement. L’initiative, imitée le lendemain par la Banque d’Angleterre, était attendue par les investisseurs, qui anticipent même un nouveau tour de vis de 0,5 % à 0,75 % en décembre. C’est le discours accompagnant la décision qui a créé le choc. Il est prématuré d’envisager une pause dans le mouvement de resserrement de la politique monétaire américaine, a prévenu en substance Jay Powell, à l’adresse de ceux qui espéraient un horizon pour le clap de fin de la séquence en cours. En bout de course, les taux atteindront un niveau « final » plus élevé que prévu, a prévenu le président, sans doute autour de 5 %, l’année prochaine, si l’on en juge par les mouvements sur les contrats à terme. Seul geste d’apaisement consenti par la Fed : il faudra sans doute plus de temps qu’anticipé pour atteindre ce pic (lire l’encadré ci-contre). DES DOUTES SUR LA DOSE Du coup, les craintes ont augmenté d’un cran sur l’ampleur des effets secondaires d’un remède administré à des doses rarement pratiquées jusque-là. La campagne en cours figure, en effet, comme l’une des plus agressives des 109 ans d’existence de la Réserve fédérale. Contre l’inflation, la hausse des taux agit via son impact sur la demande, dont l’anesthésie soulage la pression sur les prix. Or, dans la situation actuelle, une partie notable de la spirale inflationniste (2 % pour l’énergie et l’alimentation, dans les 8,2 % du mois de septembre) est entretenue par un problème d’offre, avec pénuries ou goulets d’étranglement dans les matières premières, l’énergie ou les composants. L’austérité monétaire n’agit alors que sur une partie du mécanisme, au risque d’aller trop loin. La plupart des économistes envisagent d’ailleurs désormais une récession aux Etats-Unis dès le premier semestre 2023, éventualité jugée probable à 65 % par BNP Paribas. « S’arrêter à 4 % de hausse pour combattre une inflation structurelle supérieure à 6 % ne serait pas crédible », n’en considère pas moins Lawrence Summers, ex-secrétaire au Trésor des Etats-Unis, repéré par Les Echos sur Twitter. Faire machine arrière à ce stade reviendrait, selon lui, à « arrêter les antibiotiques avant la fin de la cure », avec un effet rebond sur des anticipations que l’inflexibilité de la Fed est tout de même parvenue à réduire, et dont le pilotage joue un rôle crucial pour vaincre l’inflation… - J. V.S.


 
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