La Fed est toujours incisive et la BCE prépare une hausse de taux jeudi
jeudi 16 mars 2023, source : Investir, le Journal des Finances
Banques centrales Les deux discours du président de la Fed devant le Congrès confortent le sentiment
d’un durcissement plus sévère de sa politique monétaire. La BCE, elle, devrait augmenter son taux refi de 50 points.
Plus haut, plus longtemps
! Voici la vision du
président de la Réserve
fédérale. Celui-ci s’est
exprimé cette semaine par deux
fois devant le Congrès américain.
« Les données économiques les plus
récentes sont plus fortes qu’anticipé,
ce qui suggère que le niveau final des
taux directeurs sera susceptible
d’être plus élevé que prévu », a
déclaré, mardi 7 mars, Jerome
Powell devant le Sénat. Rebelote,
mercredi, face à la Chambre des
représentants.
DES PERSPECTIVES
TOUJOURS PLUS FORTES
Ses interventions ont redressé les
anticipations de hausse de taux
directeurs. Celles-ci, mesurées sur
les marchés obligataires à terme,
donnent une estimation de plus de
6 % en fin d’année. Ce seuil est à
comparer aux perspectives des
membres de la Réserve fédérale
qui transparaissent via le
« fameux » graphique dit des « dot
plots ». En décembre – il est actualisé
quatre fois par an –, la
moyenne de ces prévisions était
de 5,22 %. Seuls deux banquiers
centraux américains envisageaient
une fourchette de 5,5 %-
5,75 % à la fin de l’année, donc un
cran sous les 6 % attendus maintenant
par le marché. Pourtant, l’institution
relève ses taux depuis un
an et de belle manière. Le taux des
fonds fédéraux était ainsi compris
dans la fourchette 0 %-0,25 % jusqu’au
16 mars 2022. La fourchette
se situe désormais à 4,5 %-4,75 %.
Cela n’est donc pas suffisant, car
certains indicateurs économiques
sont meilleurs que prévu, tel
l’emploi. Mercredi, la société ADP
a annoncé 242.000 emplois nets
créés en février (le double de janvier).
Vendredi, les statistiques
officielles ont fait état de
311.000 postes nets contre
205.000 attendus (lire l’encadré).
Le problème de la Fed est que ces
publications ont un impact, depuis
la mi-octobre, essentiellement sur
les taux courts « au prix d’une inversion
grandissante de la courbe des
taux. [La pente de la courbe de
taux 2-10 ans s’est clairement
inversée l’été 2022 et le mouvement
s’amplifie.] Or, Jerome Powell
l’a dit lui-même il y a quelques mois :
en l’absence de transmission de sa
politique monétaire aux échéances
de moyen et long termes des taux
d’intérêt, la hausse des fed funds n’a
que des effets dilués sur l’activité
et l’inflation », explique Véronique
Riches-Flores, présidente
de la société RF Research.
Elle précise que « c’est sur les
taux longs que la Fed devrait
tenter d’avoir le plus d’influence
dorénavant pour éviter d’amorcer
une spirale infernale de
hausse de ses taux directeurs ».
Pour y parvenir, la banque
centrale pourrait donc être
tentée d’accélérer la réduction
de son bilan. Elle a un net
retard sur la Banque centrale
européenne (BCE). Cette dernière
a réduit son bilan de
1.005 milliards d’euros (11,4 %)
depuis son plus-haut, contre seulement
625 milliards de dollars
(6,9 %) pour la Fed.
DES PROFITS
INFLATIONNISTES
La BCE éprouve aussi des difficultés
dans sa lutte contre l’inflation.
La situation est compliquée par la
hausse des profits des entreprises.
Le directeur des études économiques
de l’Ieseg, Eric Dor, explique
que « l’augmentation des marges
bénéficiaires des entreprises de
beaucoup de pays européens, […],
intensifie l’inflation de la zone euro ».
L’expert précise qu’entre les quatrième
trimestres 2021 et 2022, les
marges par unité produite ont crû
et contribué à l’inflation dans tous
les pays de la zone euro : « Nos
résultats montrent aussi que dans
beaucoup de pays de la zone euro, la
contribution de l’augmentation des
marges bénéficiaires à l’inflation a
été supérieure à celle de l’augmentation
du coût salarial unitaire. Le cas
de l’Espagne est emblématique. »
La BCE devrait resserrer ses taux
de 50 points de base (pb), jeudi.
« Compte tenu des tensions inflationnistes
sous-jacentes, le Conseil
des gouverneurs de la BCE a clairement
indiqué qu’il entendait relever
de nouveau les taux d’intérêt de
50 pb lors de sa réunion de mars »,
rappelle Alexandre Perricard,
directeur général d’Uzès Gestion.
L’expert poursuit : « Nous anticipons
donc une hausse du taux de
dépôt de 2,5 % à 3 % le 16 mars prochain.
» Au-delà, les économistes
sont plus partagés. « Si vous me
demandez ce qui se passera après
mars, je pense qu’il est important de
prendre au sérieux les données que
nous aurons dans quelques jours »
comme l’inflation de février,
l’indice Zew ou la confiance des
consommateurs, a d’ailleurs prévenu
le gouverneur de la BCE,
Mario Centeno, ajoutant que le
processus de durcissement avait
été très rapide. « Il nous faut de la
patience pour permettre à ces 300 pb
d’augmentation d’avoir un impact
sur l’inflation, car c’est notre objectif
principal », a-t-il insisté. Plus que
jamais, il faudra suivre les statistiques
économiques.
- PHILIPPE WENGER
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