Le resserrement monétaire se poursuit mais le bout du tunnel est proche
mardi 08 août 2023, source : Investir, le Journal des Finances
Pas de surprise, mais des
portes ouvertes.
Comme prévu, la Fed et
la Banque centrale
européenne (BCE) ont décidé de
relever leurs taux, respectivement
mercredi soir et jeudi après-midi,
de 25 points de base. L’institution
américaine a ainsi procédé à sa
onzième hausse de taux lors des
douze dernières réunions de son
comité de politique monétaire
(FOMC), portant les fed funds à
5,25 %-5,5 %, un niveau inédit
depuis 2001. Cette décision a été
prise à l’unanimité, est-il précisé
dans le communiqué. Reprenant
mot pour mot les conclusions de la
réunion de juin lors de laquelle
une pause avait été actée, la Fed
ajoute que « le FOMC continuera
d’évaluer les informations supplémentaires
et leurs implications pour
la politique monétaire ».
« Trop ou pas assez »
Alors que l’inflation est tombée, en
juin, à son plus bas niveau depuis
mars 2021 (+ 3 % sur un an, selon
l’indice CPI) aux Etats-Unis et que
la croissance est parallèlement
plus robuste que prévu (+ 2,4 % au deuxième trimestre, après + 2 %
au premier), le président de la Fed
a mis en garde contre « le risque
d’en faire trop ou pas assez » entre
inflation et récession. Interrogé
sur une éventuelle pause lors de la
prochaine réunion, en septembre,
Jerome Powell a botté en touche :
« Je dirais qu’il est possible que nous
relevions à nouveau les taux si les
données le justifient. Et je dirais
aussi qu’il est possible que nous choisissions
de rester au même niveau. » « Une attitude ouverte »
De son côté, la BCE a également
opté pour une hausse, sa neuvième
d’affilée, de 25 points de
base de ses principaux taux directeurs. Elle a ainsi relevé son
taux de dépôt à 3,75 %, au plus
haut depuis 2000, et son taux de
refinancement à 4,25 %. Comme
leurs homologues américains, les
responsables de l’institution
francfortoise ont unanimement
décidé de poursuivre le resserrement
monétaire en cours, et se
montrent plus incertains pour la
suite. « Nous avons une attitude
ouverte concernant les décisions
qui seront prises en septembre et
lors des réunions suivantes », qui
dépendront des données économiques
disponibles, a annoncé la
présidente de la BCE, Christine
Lagarde.
Si elle considère la décélération
de l’inflation, passée de 10,6 %
à l’automne à 5,5 % en juin en
zone euro, comme une
« bonne nouvelle », elle se
garde bien de crier victoire
trop tôt. « Nous avons un
objectif fixé à 2 % », a-t-elle
rappelé, martelant sa détermination
à « briser le dos de
l’inflation ». A l’instar de
Jerome Powell, Christine
Lagarde a aussi évoqué le risque
d’aller trop loin dans ce cycle de resserrement monétaire,
le plus brutal de l’histoire de la
BCE. « Les perspectives à court
terme se détériorent en raison d’un
fléchissement de la demande », a-telle
souligné.
Le crédit au plus bas
Autre conséquence des hausses
de taux ininterrompues depuis
juillet 2022, la demande de crédits
de la part des entreprises
européennes a chuté, au
deuxième trimestre, à son niveau
le plus bas depuis la création de
l’enquête de la BCE en 2003. Les
conditions d’octroi se durcissant
encore, cette situation est vouée
à perdurer, ce qui devrait accentuer
le ralentissement de la
hausse des prix.
« La BCE est sortie du mode “autopilote??
des derniers mois, quand
chaque hausse de taux était pré-annoncée
lors de la réunion précédente
[…] mais il faudra que les
projections d’inflation et de croissance
baissent significativement
pour empêcher l’institut monétaire
de relever ses taux au moins une
fois de plus après aujourd’hui », a
commenté Carsten Brzeski, économiste
chez ING.
En réaction aux annonces de
Christine Lagarde, l’euro est
revenu sous le seuil des 1,10 $
pour la première fois depuis trois
semaines ce jeudi, et le rendement
des emprunts d’Etat allemand
à 2 ans, sensible à
l’évolution des taux, a reculé de
10 points de base, à 3,17 %. La
perspective d’une pause a aussi,
et surtout, été appréciée par les
marchés actions (+ 2,05 % pour le
Cac 40 jeudi).
La seule note discordante est
venue du Japon, où la banque
centrale a maintenu sa politique
ultra-accommodante tout en
assouplissant son contrôle de la
courbe des taux vendredi, décision
perçue par le marché
comme un prélude à un futur
tour de vis monétaire - Q. S.
Plus d'actualités du monde
|
Bourse
Economie
Finance
Monde
Recherche :Recherchez dans l'archive des actualités |