Les traders, grands perdants de la saison des bonus
mardi 22 janv. 2019, source : Journal Les Echos
La très forte volatilité des marchés en fin d’année entraîne jusqu’à 25 % de recul des bonus dans les salles de marché.
Ça y est, les entretiens individuels ont démarré. Mais pour les traders et banquiers d’affaires, la nouvelle n’est pas forcément bonne à entendre. Les groupes français, qui viennent d’annoncer une série de revers dans leurs activités de marché, ont clairement revu leurs enveloppes de bonus à la baisse. Société Générale, plombé par un recul de 20 % de ses revenus dans les activités de marché au dernier trimestre, a prévu de réduire les rémunérations variables jusqu’à 25 %, selon Bloomberg.
Une mauvaise année de plus pour ceux qu’on appelle « les preneurs de risque » (qui gagnent plus de 500.000 euros par an). L’an dernier, ils avaient déjà vu la valeur faciale de leurs enveloppes se contracter de plus de 18 % en banque d’investissement, selon les rapports de rémunération de la banque. « Tout le monde est solidaire des résultats du groupe, explique un banquier, et les plus performants ne toucheront pas forcément le bonus qu’ils auraient dû percevoir. » Néanmoins, souligne-t-il, « la diminution de l’enveloppe globale ne va pas forcément se traduire par un recul sec pour tous les salariés et dans tous les métiers ». En clair, les activités de marché seront plus touchées que les banquiers d’investissement traditionnels. « En M&A par exemple, les revenus sont moins volatils et 2017 avait été une bonne année. »
Les juniors épargnés Chez BNP Paribas, que l’on dit affecté par une perte de 80 millions d’euros liée à des opérations dérivées, l’heure n’est pas non plus à la fête. « Les revenus sur les marchés actions sont moins bons, l’enveloppe de bonus devrait baisser d’environ 10 à 20 % », indique une source. Même la banque d’affaires serait affectée. « Le marché français a été assez mauvais l’an dernier », indique-t-on, même si le groupe a réduit sa dépendance à l’Hexagone. En 2017, l’enveloppe globale était déjà en recul de 7,5 % en montant facial pour « les preneurs de risque ». Exception cette année, indique-t-on. Les juniors : « Nous ferons tout pour les protéger. Les seniors seront les principaux affectés par la baisse car ils peuvent absorber des baisses. » Chez Natixis, qui a fait état d’un accident de marché à 260 millions d’euros, l’enveloppe est aussi attendue « en baisse de 10 à 20 % ». « Cependant la baisse sera moins élevée en banque d’affaires que dans les activités de trading », indique-t-on en interne. En 2017, alors que le bénéfice avant impôts avait bondi de 16 % en banque de grande clientèle, l’enveloppe des banquiers réglementés y avait crû de 9 %. Chez Crédit Agricole, les bonus – stables l’an dernier pour les « preneurs de risque » – sont aussi anticipés en recul en banque d’investissement. « En fusions acquisitions, notamment, l’année avait été assez exceptionnelle en 2017. Nous avons aussi beaucoup investi à l’international et l’analyse de la contribution des métiers aux revenus du groupe tient aussi compte des coûts », indique-t-on en interne. Mais les banquiers les plus performants échapperont à la baisse. Les financiers français ne sont pas les seuls en Europe dans une mauvaise passe. Deutsche Bank, en difficulté, pourrait annoncer un recul de 10 %, voire de 15 à 20 % des rémunérations variables dans certains métiers. Idem chez ING, qui prépare une baisse « significative ».
Les banquiers d’affaires tirent leur épingle du jeu
Mais d’autres peuvent sourire : dans les banques d’affaires indépendantes comme Lazard, on s’attend à une nouvelle bonne année, d’autant que les bonus n’y sont pas plafonnés. Idem pour la tête des banques américaines. Chez JP Morgan, dit-on, « l’enveloppe est en hausse de 5 % au global en Europe, et dans la banque d’affaires c’est un minimum, en particulier en France ». Les traders français, en revanche, n’échappent pas à la sanction du marché
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