Le grand écart européen sur l’inflation
lundi 04 juil. 2022, source : Journal LE MONDE
Le poids de l’énergie dans le
budget des ménages, notamment,
est très différent selon les Etats A
u sein de la zone euro,
l’inflation fait le grand
écart. La hausse des
prix en Estonie a atteint 22 % en juin, selon les chiffres
publiés vendredi 1er juillet par
Eurostat, soit trois fois plus que les
6,5 % enregistrés en France. La Belgique, bien que frontalière de
l’Hexagone, a vu ses prix augmenter de 10,5 %, l’Espagne de 10 %,
alors que l’Allemagne n’affiche
que 8,5 % de hausse, soit un niveau
proche de la moyenne de l’union
monétaire. Comment expliquer
de tels écarts, déjà observés lors
de la crise financière de 2008 ?
La première raison est particulièrement valable pour la France
et tient aux mesures budgétaires
prises par le gouvernement pour
limiter l’impact de la valse des
étiquettes sur le pouvoir d’achat.
Le bouclier énergétique et la remise de 18 centimes sur les carburants ont ainsi permis de minorer de deux points la hausse
des prix dans l’Hexagone.
Cette dispersion des taux d’inflation en Europe reflète aussi les
différences dans les modes de
consommation des ménages,
ainsi que le poids de l’énergie et de
l’alimentation dans leur budget.
L’Insee s’est ainsi prêtée à un exercice théorique : il a appliqué la
structure de la consommation
française à chacun des autres pays
membres. Il en résulte que si les
Espagnols consommaient un panier de biens et services identique
au nôtre, par exemple, l’écart d’inflation entre nos deux pays serait
plus bas d’un tiers, car le poids
des carburants est plus lourd dans
le budget des Espagnols.
Concurrence, marché du travail
L’inflation actuelle provenant
pour une large part des prix de
l’énergie, le mode de fixation des
tarifs du gaz et de l’électricité explique les différences entre pays.
En France, c’est ainsi que la contribution de l’électricité à la flambée
des prix est la plus faible, du fait
de la mise en place du bouclier tarifaire à l’automne 2021. En Espagne, le système local de « tarification dynamique » rend les prix de
consommation bien plus dépendants des fluctuations des prix de
production. La situation est très
différente en Allemagne, où les
distributeurs d’énergie ne révisent les tarifs qu’une fois par an.
D’une manière générale, rappelle Julien Marcilly, économiste
en chef chez Global Sovereign Advisory, « la façon dont la concurrence joue dans les différents secteurs d’activité » et le poids des services – plus ou moins confrontés
à la concurrence internationale –
dans l’économie expliquent que
les prix n’évoluent pas partout
au même rythme en Europe.
Enfin, ajoute M. Marcilly, la situation du marché du travail n’est
pas totalement étrangère au
rythme d’inflation constaté. En
Belgique ou aux PaysBas, où le
niveau des emplois vacants a atteint un plus haut historique,
l’inflation est plus élevée qu’en
France ou en Italie, car la pression
pour des hausses de salaires y est
plus forte. Quant aux pays baltes,
leur situation particulière, avec
un niveau d’inflation qui frôle
ou dépasse les 20 %, s’explique en
partie par leur stade de développement économique. « La croissance économique y est plus forte
qu’ailleurs : les salaires y augmentent donc plus vite, comme l’inflation», soulignetil.
béatrice madeline
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